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Mines et métallurgie dans les Vosges

Strasbourg est située entre les massifs des Vosges et de Forêt Noire. Ces deux massifs connurent dès l’antiquités des phases d’exploitations minières plus ou moins intenses, mais c’est au XVIe siècle qu’ils connurent un âge d’or minier sans précédent, bien plus intense qu’au XVIIIe siècle. L’intérêt né autour de l’esthétisme et des qualités chimiques des minéraux se concrétisa par la constitution dans les premiers cabinets de curiosité de collections de minéraux.

Le massif vosgien est riche en gisements polymétalliques. Les concentrations minérales y furent exploitées dès l’Antiquité à Saales et à Framont-Grandfontaine aux pieds du Donon dans la Vallée de la Bruche, ainsi qu’à Sainte Marie-aux-Mines avec un développement spectaculaire au XVIe siècle.

De re metallica, de Georgius Agricola

L’essor du machinisme minier et industriel, en contribuant d’abord à leur éclat, provoqua ensuite indirectement leur déclin au XIXe siècle faute de concentrations minérales économiquement rentables et faute de proximité du charbon de terre, le charbon de bois étant trop onéreux, utilisé dans le traitement des minerais. Néanmoins, les masses minérales extraites suffirent des siècles durant à l’enrichissement des propriétaires féodaux.

Les secteurs miniers des Vosges étaient soumis aux règlements miniers prescrits par les souverains de l’empire germanique, mais les seigneurs féodaux jouissaient du privilège d’exercer seul le droit d’exploiter et de jouir de la richesse de leur sous-sol. Ce droit immémorial fut perdu dès lors que l’Alsace fut annexée par le roi de France qui imposa le droit régalien.

A la Renaissance, l’archiduc d’Autriche et les ducs de Lorraine contrôlent une part importante de la production des métaux non ferreux des Hautes Vosges, ainsi que le seigneur de Rappolstein (Ribeaupierre), propriétaire des mines de Sainte-Marie-aux-Mines. Les recherches minières de ce secteur concernaient tout particulièrement les filons argentifères, mais aussi et avec avantage le cuivre et le plomb très abondant, le zinc et le fer. Plutôt craintes à l’époque, les masses d’arsenic natif furent exploitées bien plus tard juste avant l’éclatement de la seconde guerre Mondiale.

Vallée de Ste Marie-aux-Mines par Sebastian Münster, Cosmographia, 1545

Au nord du Val de Villé qui dépendait de l’autorité de l’Archiduc d’Autriche, le comte de Salm exploite avec profit sans doute dès le XIIe siècle le gisement de fer de Framont-Grandfontaine, le plus puissant et le plus rentable du massif Vosgien, alors que le comte de Veldenz exploite dès le XVIe siècle les filons de magnétite à haute teneur en der de Rothau, et l’évêque de Strasbourg les gisements ferreux du grand bailliage de Schirmeck.

Georg Gustav von Veldenz, seigneur "industriel" de La Petite Pierre et du Ban de la Roche (1543-1592)

Le comte de Nassau-Sarrewerden, à la fin du XIIe siècle, et les autres seigneurs féodaux locaux sondent ponctuellement les filons et les amas de Vosges du Nord avant l’arrivée du baron de Dietrich à Niederbronn-Jägertahl à la fin du XVIIe siècle.

Le massif vosgien offre sur le plan géologique une grande similitude métallogénique avec la Forêt Noire, séparé par le fossé rhénan depuis le Crétacé, caractérisé par une grande complexité de structures et de formations. Des concentrations d’amas et de filons minéralisés d’âge primaire et secondaire occupent de larges districts en remplissage de fractures par venue hydrothermale et pneumatolytique ou associé. Des processus ultérieurs de cristallisation par des phénomènes d’oxydation, de cémentation, ainsi que des minéraux de néoformation, ont enrichi la diversité des espèces minérales préexistantes par de nombreuses variétés.

17 février 2014

Portfolio

  • Représentation des forges de Rothau (vallée de la Bruche) en 1591
  • Les forges de Framont-Grandfontaine en 1837, lithographie de Théophile (...)
  • Porte drapeau de la corporation des mineurs de Ste Marie-aux-Mines, (...)