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Du XVIIIe siècle à nos jours Basée sur les travaux de D. Leypold
L'origine des collections
L’origine des collections date de la seconde moitié du 18ème siècle par la création d’un Cabinet d’Histoire Naturelle dont Johann Hermann, professeur à l’Université de Strasbourg, avait été l’initiateur. Après son décès en 1800, la Ville de Strasbourg acquiert en 1804 ses collections pour ériger un Musée des Sciences Naturelles pris en charge par des professeurs de faculté tout au long du XIXe siècle, dont notamment par Philippe Louis VOLTZ, de 1820 à 1842, et par Gabriel Auguste Daubree.
Après 1870 et le rattachement de l’Alsace à l’Allemagne, une nouvelle université est créée ; elle se dote d’un Institut de minéralogie ayant à sa tête Paul Groth, un jeune professeur de minéralogie et de cristallographie déjà reconnu comme scientifique de haut niveau pour avoir établi les bases de la classification moderne des minéraux.
Sous sa direction est rapidement constituée une seconde collection de minéralogie, consacrée à la recherche et à la formation de minéralogistes et de cristallographes dans le bâtiment de l’Académie situé dans le quartier de la Krutenau. Le versement dans la collection universitaire de la collection de minéraux de la Ville de Strasbourg s’effectue en 1881.
Hugo Bücking, qui en prend la relève en 1883, poursuit la même politique d’acquisition que son prédécesseur jusqu’en 1919, date à laquelle il est expulsé vers l’Allemagne. Auparavant, un nouveau bâtiment ultra moderne avait été construit en 1890 où s’installèrent les trois Instituts de Minéralogie, de Pétrographie et de Paléontologie.
Le caractère muséologique de la collection était déjà une réalité en 1897 où il était précisé qu’il composait une exposition visitable deux jours par semaine pour le grand public.
Après 1919
Nanti d’un fonds d’acquisition confortable, l’Institut comptait environ 30.000 échantillons en 1919 arrangés selon la classification de P. Groth. Surtout représentatifs des gisements miniers européens et sibériens, de très nombreux minéraux provenaient aussi des deux Amériques, d’Afrique du Sud, du Groenland, du Japon et d’Inde, qu’enrichissait une solide collection de minéraux de sel Andins et d’autres régions du globe.
La reprise et la forte implication géologique et minière des laboratoires sur le massif vosgien a contribué à l’augmentation de la collection de recherche régionale, effort poursuivi jusqu’à la fin des années 1990.
Une grande collection de météorites de plus de 450 échantillons fut assemblée en partie et étudiée par Emile COHEN, éminent spécialiste et auteur de nombreux ouvrages. Sous sa direction a été constituée une collection pédagogique de modèles de météorites, aujourd’hui la seconde conservée sur le plan européen.
L’Université Française abandonne dès 1920 la politique d’acquisition de la période précédente pour orienter ses activités dans des domaines scientifiques nouveaux, notamment dans le développement des rayons X pour l’identification des minéraux. Cette position fut particulièrement défendue par le professeur Jacques de LAPPARENT, qui succéda à Georges FRIEDEL en 1934.
Au cours de cette période qui prend fin avec la guerre en 1939, le cristallographe Henry Ungemach apporta une contribution scientifique remarquable en décrivant plus de 2300 formes cristallines et en définissant de nouvelles espèces minérales salifères d’après des échantillons du Chili versés dans la collection vers 1910.
Lors de la dernière guerre, la reprise des activités de recherche et d’enseignement à la Reichsuniversität de Strasbourg se met en place en 1941. Des recherches s’orientent autour des minéraux de synthèse sous la direction de Friedrich-Karl Drescher-Kaden, professeur ordinaire de minéralogie et de pétrographie, de 1941 à 1945.
Après les vicissitudes de la guerre et le retour de l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, la collection fut confiée à la gestion du directeur du laboratoire de minéralogie René Weil, puis jusqu’en 1993, au professeur Jean-Pierre Eberhart, directeur du Laboratoire de Minéralogie et de Cristallographie. C’est sous son impulsion que les salles furent rénovées et rouvertes aux scolaires et au public à partir de 1975.
Mines et Métallurgie dans les Vosges
Strasbourg est située entre les massifs des Vosges et de Forêt Noire. Ces deux massifs connurent dès l’antiquités des phases d’exploitations minières plus ou moins intenses, mais c’est au XVIe siècle qu’ils connurent un âge d’or minier sans précédent, bien plus intense qu’au XVIIIe siècle. L’intérêt né autour de l’esthétisme et des qualités chimiques des minéraux se concrétisa par la constitution dans les premiers cabinets de curiosité de collections de minéraux.
Le massif vosgien est riche en gisements polymétalliques. Les concentrations minérales y furent exploitées dès l’Antiquité à Saales et à Framont-Grandfontaine aux pieds du Donon dans la Vallée de la Bruche, ainsi qu’à Sainte Marie-aux-Mines avec un développement spectaculaire au XVIe siècle.
L’essor du machinisme minier et industriel, en contribuant d’abord à leur éclat, provoqua ensuite indirectement leur déclin au XIXe siècle faute de concentrations minérales économiquement rentables et faute de proximité du charbon de terre, le charbon de bois étant trop onéreux, utilisé dans le traitement des minerais. Néanmoins, les masses minérales extraites suffirent des siècles durant à l’enrichissement des propriétaires féodaux.
Les secteurs miniers des Vosges étaient soumis aux règlements miniers prescrits par les souverains de l’empire germanique, mais les seigneurs féodaux jouissaient du privilège d’exercer seul le droit d’exploiter et de jouir de la richesse de leur sous-sol. Ce droit immémorial fut perdu dès lors que l’Alsace fut annexée par le roi de France qui imposa le droit régalien.
A la Renaissance, l’archiduc d’Autriche et les ducs de Lorraine contrôlent une part importante de la production des métaux non ferreux des Hautes Vosges, ainsi que le seigneur de Rappolstein (Ribeaupierre), propriétaire des mines de Sainte-Marie-aux-Mines. Les recherches minières de ce secteur concernaient tout particulièrement les filons argentifères, mais aussi et avec avantage le cuivre et le plomb très abondant, le zinc et le fer. Plutôt craintes à l’époque, les masses d’arsenic natif furent exploitées bien plus tard juste avant l’éclatement de la seconde guerre Mondiale.
Au nord du Val de Villé qui dépendait de l’autorité de l’Archiduc d’Autriche, le comte de Salm exploite avec profit sans doute dès le XIIe siècle le gisement de fer de Framont-Grandfontaine, le plus puissant et le plus rentable du massif Vosgien, alors que le comte de Veldenz exploite dès le XVIe siècle les filons de magnétite à haute teneur en fer de Rothau, et l’évêque de Strasbourg les gisements ferreux du grand bailliage de Schirmeck.
Le comte de Nassau-Sarrewerden, à la fin du XIIe siècle, et les autres seigneurs féodaux locaux sondent ponctuellement les filons et les amas de Vosges du Nord avant l’arrivée du baron de Dietrich à Niederbronn-Jägertahl à la fin du XVIIe siècle.
Le massif vosgien offre sur le plan géologique une grande similitude métallogénique avec la Forêt Noire, séparé par le fossé rhénan depuis le Crétacé, caractérisé par une grande complexité de structures et de formations. Des concentrations d’amas et de filons minéralisés d’âge primaire et secondaire occupent de larges districts en remplissage de fractures par venue hydrothermale et pneumatolytique ou associé. Des processus ultérieurs de cristallisation par des phénomènes d’oxydation, de cémentation, ainsi que des minéraux de néoformation, ont enrichi la diversité des espèces minérales préexistantes par de nombreuses variétés.